TRACKLIST Stray Age
It's You
That'll Be the Plan
In These Hearts
Who Knows Where the Time Goes
The Old Measure
By Dream
Where We Belong
Restoration Sketches
Every Color and Kind
The Hour of Sleep
Avis à tous les folkeux et autres
amateurs de musiques douces et enivrantes. Un feu de cheminée, ou n’importe quel autre cliché du type fera l’affaire.
Le premier album de Daniel Martin Moore (Kentucky), enregistré en 2007 et 2008,
intitulé « Stray Age », est sorti sur le label Subpop ; label
qui aurait par ailleurs signé l’artiste américain sur la foi d’une simple démo.
Daniel
Martin Moore propose à ses auditeurs onze titres très homogènes, et si cet
album n’est pas une révolution dans la création musicale, il y a fort à parier
que peu lui en chaut. La douceur des onze pièces n’a d’égal que les sentiments
opposés qu’il est probable de ressentir à
l’écoute de ce premier album. Une atmosphère à la lisière de l’été et de l’automne
qui nous plonge entre douce rêverie et mélancolie feutrée. L’album lui, suit
tranquillement son cours et les mélodies habitées de Moore se retrouvent
soutenues par une guitare folk souvent, et une batterie effacée parfois (« The
Old Mesure »).
Si la six cordes est l’instrument
de prédilection du jeune musicien, le piano fait une entrée distinguée sur le
septième titre « By Dream », lequel se démarque des dix autres pièces
par sa couleur plus automnale, comme une fin de transition. Le mois d’octobre
succède ici en toute logique aux premiers jours de l’été, avant que « Where
We Belong » nous emporte à nouveau vers les notes de guitares saupoudrées
d’une voix apaisée.
Puisqu’il est souvent de bon ton
de comparer les artistes, nous évoquions il y a quelques mois l’album de David
Karsten Daniels (« Sharp Teeth »). Certes, tout comme Daniels, Moore
propose une folk-music ni actuelle, ni dépassée, et il est vrai qu’une collaboration
de ces deux artistes n’étonnerait personne. Mais la musique de Moore est tout à
fait différente de celle de Daniels. Là ou le second fait plonger, au fil de
son album, l’auditeur sous le niveau des mers, le premier en revanche le
maintient au minimum à la surface, l’installant le plus souvent dans une forêt de
septembre. Sa mélancolie déjà évoquée a la saveur d’une fin d’été adolescent,
un goût amer d’au revoir et de retour au bercail. Et la classe de sa musique
nous inviterait aux souvenirs des amours adolescentes, mais sans sarcasme, sans
ironie, sans même une pointe de cynisme. On ne peut pas le blâmer pour ça,
définitivement.
Kasabian. Leicester. Pas
même Londres ? Tant mieux. Leur album éponyme est une des productions
rock, au sens musical du terme, les plus enthousiasmantes des dernières années.
Une puissance sonore inouïe, couplée à une surenchère de mélodies imparables :
100 % UK. Sorti en 2004, et modelé d’une dizaine de titre, « Kasabian »
(l’album) est une totale réussie pour Kasabian (le groupe).
Résolument
rock, je l’ai dis, cet album n’en est pas moins un carrefour sonore
impressionnant. L’évidence pop des dix pièces est portée par une énergie
électro 90’s détournée. Si « Club Foot » et son refrain indécent agissent
sur nos écoutilles telle une arme de destruction massive, l’auditeur n’est pas
en reste lorsque s’élance le second morceau « Processed Beat », moins
vengeur mais tout aussi efficace. Outre-manche, le NME et ses poursuivants, c’est-à-dire
toute la presse musicale majeure, n’ont d’autre idée que de comparer tout
nouveau groupe de pop brillant à leur prétendu pendant des 90’s, Oasis (le NME
comparait même récemment Dizzee Rascal à Oasis, c’est dire.). On se demande
bien pourquoi, tant le fossé est grand entre les deux formations. Seul « Reason
is Treason » pourrait rappeler les frasques musicales des frères Gallagher,
et encore, cela passerait pour une comparaison forcée.
Oasis
et Kasabian ne jouent définitivement pas dans le même bain musical. Les
premiers sont des adeptes du « tout-beatles » : les mélodies,
les constructions Uber-pop et très 60’s. Les seconds se meuvent dans un univers
sonore plus sombre, plus étrange, ou les morceaux s’arrêtent parfois en plein chaos
pour redémarrer de plus belle. Kasabian incorpore l’electro des années 90, le
rock comme la pop, tandis que les premiers n’ont d’yeux que pour leurs
vaniteuses photocopies.
Finalement,
l’album n’a pas ici très largement été évoqué. Mais que dire en fait, si ce n’est
que ces dix titres sont tous doté d’un ADN unique. Les hymnes sont légion. De « Club
Foot » à « L.S.F », d’un « Cutt Off » autodétruit par
ses breaks et ses nonsens, à un « U-boat » déconcertant. Si l’on est
parfois décontenancé, étonné par cette album, rien au final n’est à jeter, pas
même ces remontées de rave-secte sur
U-Boat. Un premier album au bon gout de crasse et de feu, déjà bien confirmé
par le second, « Empire », et son autre lot de météores vibrantes.
TRACKLIST Bullets and Love (Introduction) We Are the Ones Laugh/Love/Fuck My Favorite Mutiny Ijuswannalayaroundalldayinbedwithyou Head (Of State) Shoyoass Yes 'Em to Death Ass-Breath Killers Get That Monkey off Your Back Mindfuck (A New Equation) Two Enthusiastic Thumbs Down I Love Boosters! Tiffany Hall Babylet'shaveababybeforebushdosomething'crazy Captain Sterling's Little Problem
The Coup est un groupe de rap,
américain, d'Oakland, communiste. Je sais que cette
association de mots peut sembler improbable, voir rédhibitoire,
mais attardons nous tout de même un peu plus sur ce sixième
opus de la formation étasunienne, et tentons de ne pas jouer les repus bedonnants face à cette galette qui sait au final
nous réserver quelques surprises ! Aujourd'hui composé
de Raymond "Boots Riley"
Riley, et DJ Pam the Funkstress, il comprenait lors des deux premiers
opus un troisième membre, E-Roc.
Le
déterminisme géomusical
(oui cette théorie est completement foireuse, je sais) veut que ce groupe originaire d'Oakland se démarque par des
instrus résolument californian
funk, très 1970's
dans sa musique, à la limite du bon goût. A la limite
oui, mais jamais du mauvais côté, puisque le groupe
incorpore à sa musique une bonne dose d'humour qui justifie
l'emploie de ces basses étonnantes ou de ces effets de
simili-wah-wah. Un propos certes engagé pourrait-on dire, mais qui ne fait jamais de l'ombre à la musique du duo, laquelle n'est jamais
reléguée au second plan. Le morceau « My
Favorite Mutiny » (featuring Black Thought de The Roots,
et Taleb Kweli) et son instru marquée par un clavier
sympathique servent de base parfaite au flow tranquille
quoiqu'efficace de Boots Riley et de ses deux camarades de jeux !
Et le
groupe de chanter avec entrain sur le refrain de « Laught
Love Fuck » : « Laugh Love Fuck... and drink
liquor ». La seconde partie du refrain, traduisant la
volonté d'une révolution plus rapide, est selon moi,
moins universelle que la volonté de rire, d'aimer, et de tout
ce genre de trucs plus que géniaux. Et si les sons funky sont
ici résolument 70's (« I Just Wanna Lay Around All
Day In Bed With You », « BabyLet'sHaveABabyBeforeBush
Do Something Crazy ») , The Coup y va de sa petite incursion
80's de temps à autres. Cela ne prouve qu'une chose, c'est que
le groupe a en effet beaucoup d'humour, voire d'autodérision...
« Pick
a Bigger Weapon » reste un album inégal du long de ses dix-sept titres funky à souhait. Tous les morceaux ne
bénéficient pas d'une production irréprochable,
mais bon nombre d'entre eux le sont. Les instrus et la musique de The
Coup se traduit par un ton rosé, orangé. Elle pourrait
être sortie d'un comics douteux, d'un emballage de
malabar. Cet album est ainsi fait qu'il donne envie de danser et de
se dire, dans un moment de folie, que la sculpture capillaire de Boots
Riley est coolissime.
« Pick a Bigger Weapon » est un album frais et
festif, teinté certes de militantisme décalé (Bush se retrouve
dans le même lit que Saddam Hussein sur « Head (of
State) ») , et surtout d'instrus de prime abord
litigieuses, mais au final incontestables. Un très bon album
de rap US en fait, marqué par un discours finalement
très peu courant. A ecouter sans aucun doute !
1. Sea Song 2.
Last Straw 3. Little
Red Riding Hood Hit The Road 4.
Alifib 5.
Alifie 6. Little Red
Robin Hood Hit The Road
Je n'ai pas pour habitude de chroniquer
de très vieux (même si tout est relatif) albums, parce
que d'autres l'ont fait bien mieux que moi auparavant. Mais quelques
fois, je ne peux pas m'empêcher d'évoquer tel ou tel
artiste. Ça a été le cas avec Jimi Hendrix et
Electric Ladyland ; Et c'est aussi le cas ici, avec cet album de
Robert Wyatt : « Rock Bottom ».
Avant de passer à l'écoute
à proprement parler de cet opus, il convient de remettre la
genèse de cet opus dans son contexte. Après une chute
de quatre étages, Wyatt se retrouve à l'hôpital.
Paralysé des deux jambes, c'est au cours de cette période
qu'il compose, à l'aide de son piteux Bontempi, cet album
solo. L'ancien batteur des Soft Machine perpétue la sordide
légende rock selon laquelle des pires tragédies
émergent les plus beaux albums.
Parce qu'en effet, « Rock
Bottom » est un très bel album. Les nappes sonores
sous-marines de « Sea Song » font écho
au chant aérien et haut perché de Robert Wyatt. Six
morceaux en tout composent cette oeuvre. Et les six provoquent une
sorte de réaction épidermique. Sans même
connaître les circonstances extra-musicales de la création
du disque, on sait que le musicien a quelque chose à dire, et
que son talent de composition hors du commun est mis à la
dispositions de titres étranges, tels que « A last
Straw » et sa descente en sous-sol lente et alambiquée.
Le rock est présent, mais pas tant que cela au final. Les
cuivres qui agissent comme des chocs electriques viennent raviver les
états de végétation, de marasme et de sensation
de ne plus pouvoir avancer (« Little Red Riding Hood Hit
The Road »).
« Little Red Riding Hood Hit
The Road » est justement un morceau décomposé
en deux parties. La première partie correspond au titre numéro
trois de l'album, tandis que la seconde partie, sixième et
dernier titre de l'album, se dessine en conclusion de classe absolue.
La rythmique quasiment militaire au début du morceau, massée,
puis remplacée par des textures sonores très hautes,
sorties de claviers malades et de guitares déprimées,
se muent en mélodie teintées d'une hauteur
psychédélique et d'un spleen à semi-palpable. Le
« White Rabbit » du Jefferson Airplanes dérangé
par beaucoup plus malicieux que lui en somme. Un morceau aussi, ou
les sonorités se répondent, les différents
mouvements se succèdent naturellement.
« Rock Bottom »
reste un grand album des années 1970. Sorti en 1974, A
contre-courant d'une vague musicale très axée sur la
guitare, le rock furieux, Robert Wyatt se pose et s'impose en dandy
aussi bien désabusé que lumineux, aussi triste
qu'heureux. Cet album est tout simplement beau ; et il effleure le
jazz ça-et-là, et flirte à maintes reprises avec
l'ambient pour au final donner une impression des plus bizarres : une
sorte de neurasthénie lumineuse.
On va essayer de faire simple et
concis. Orelsan c'est un peu un déglingué du cerveau.
Originaire de Caen City, le normand a fait ses armes avec Gringe au
sein du groupe Casseurs Flowters, et sur diverses mixtapes (Undertoc,
Bombattak, Ombre 2 choc 2, Talents fâchés 3, Rap 2 rue,
Herbes de provinces, Apash). Orelsan nous parle depuis quelques
années déjà de son premier album, et on
finissait par ne plus y croire, en se disant que le jeune homme est
bien gentil, mais qu'il faudrait qu'il arrête d'affirmer des
nouvelles aussi fraiches qu'un poisson de la Seine. Tu vois le topo?
Enfin bref, il se trouve que
dernièrement, Orelsan annonce qu'il a signé un deal
avec le label indé « 3eme Bureau », que
son album est en phase d'être bouclé, et qu'il va faire
une mini-tournée qui passera deux fois à la Boule Noire
(Paris) au mois d'octobre. Du lourd donc, du concret qui justifie
cette chronique informative plus que critique !
Très porté sur le sexe et
l'alcool, ses deux passions vraisemblablement, Orelsan distille avec
son flow improbable, des lyrics qu'on pourrait qualifier de
vulgaires, bien que souvent drôles. Il a pour lui un certain
talent lorsqu'il s'agit d'aligner les punchlines : « ferme
ta gueule, ou tu vas t'faire Marie Trintigner »
(« Saint-Valentin »). Certes, si on est
militant féministe adepte du premier degré, comme l'est
la vieille Isabelle Alonso, ça risque de passer en travers de
la gorge, si je puis dire. Mais en oubliant ces considérations
très terre-à-terre et relativement chiantes, ça
reste plutôt drôle. Bénéficiant de bonnes
productions de Skred, le Mc Normand sait être mélancolique
et sérieux (pas vraiment en fait, mais à sa manière
en fait) sur « Sous Influence » mais aussi sur
son titre le plus populaire « Changement ».
Si comme on l'a dit, son flow est
improbable quoique tout à fait unique, une de ses qualités
majeures est le sens inné de la punchline. Pas qu'il soit un
véritable adepte de l'écriture originale et de qualité
comme le serait un fuzati, loin de là, mais les thèmes
abordés ici, parviennent à l'être sous un angle
inédit, et appuyés par quelques phases délectables
: « J'arrache le piercing du sale blanc dans tribal king »
(« Sous Influences ») ; « Ma
génération Game Boy sniffe plus de lignes qu'un
Tétris » (« Changement ») ; "Hey devinez qui débarque sans crier gare? C'est O.R.E.L San, moitié homme, moitié pilier de bar !" (« Sous Influences »).
Son côté un peu bourrin et
vulgaire pourra rebuter les uns, lasser les autres, mais ce rappeur
made in calvados a le mérite de proposer une musique souvent
drôle, et a bien le droit je pense, d'être au moins connu
par un plus grand nombre. Après, c'est à chacun de se
faire son opinion !
01. ambulance opulente 02. crash test 03. une épave sur la
route (avec alin adren) 04. déserts et
lézards 05. mauvaise descente 06. crash test (instru) 07. une épave sur la
route (instru) 08. déserts et
lézards (instru)
Lorsque deux duos de grand talent se
rencontrent et ensemble font un album, ça donne une pièce
jouée à quatre mains de maîtres. La Caution
(Hi-Tekk et Nikkfurie) et Château Flight (Gilb'R et I:Cube). Le
groupe de rap français s'associe donc sur cet opus à un
groupe d'electro, pour créer une petite bombe hip-hop plus
efficace que jamais. Sorti en 2002, « Crash Test »
est une compilation de huit titres, dont trois instrumentaux. Les
instrus electro se marient parfaitement aux flows des deux rappeurs
de Noisy-le-Sec.
Sur « Ambulance Opulente »,
premier titre totalement (ou presque) instrumental de l'album, des
rires étranges se déposent sur un son saccadé et
mené par une rythmique classique d'où sort quelques
sonorités originales. « Crash test » le
titre qui donne son nom à cet EP voit entrer en scène
Hi-Tekk et NikkFurie, lesquels ne se font pas prier pour distiller un
rap efficace à souhait sur une instru rappelant celles de La
Caution sur « Asphalte Hurlante », tout en
sentant bien la patte electronisante de Château Flight.
Fichtrement efficace, ce titre, qui nous donne vraiment envie
d'entendre ce que ça peut donner en live.
« Une épave sur la
route » est un titre plus mélo-dramatique aux
sonorités post-70's étonnantes, et sur lequel le
bien-nommé Hi-Tekk est soutenu par la chanteuse japonaise Alin
Adren. Les lyrics des titres non-instrumentaux de cet album sont
encore une fois à la hauteur. La Caution envoie avec son flow
des paroles parfois drôles, parfois un peu inquiétantes
aussi. « Une épave sur La Route »
revient en fin d'album pour sa version instrumentale, tout comme
« Crash Test » et enfin « Déserts
et Lézards », qui dans son titre, nous rappelle
l'étrange pochette de cet opus. Ces trois titres instrumentaux
permettent à l'auditeur d'apprécier avec plus de
précision le niveau sonore proposé par le groupe
Château Flight.
Cet album est en fait une belle
rencontre. Ces vingt minutes ne peuvent malheureusement pas rassasier
l'auditeur, qui en aurait à coup sûr demandé
plus, mais offrent tout de même un bon en-cas de qualité,
lequel donne grandement envie de réécouter les albums
respectifs de La Caution et de Château Flight.
TRACKLIST 01 Sweet Devil 02
Listening To Your Party 03 Tearing Apart The Noise She Makes 04
Oil Thumbprints 05 Cotton In The Grossness 06 The Messy
Message 07 Patterned Like Lovers 08 A Little More South 09
Window Piece 10 Unsettled And Unable
Bexar Bexar semble être l'oeuvre
d'un américain, originaire de New-York et résident à
Austin. « Tropsim » est le deuxième
album solo du groupe en question. Une pop minima liste et ambient aux
accents électroniques à la fois répétitive
et pittoresque. Les notes de guitares ou les touches de claviers
s'entremêlent avec intensité et délicatesse pour
former dix pièces uniques et travaillées.
Tout
commence par « Sweet Devil » son arrière
plan sonore maritime brouillonnant qui contraste avec cette guitare
acoustique sur le fil du rasoir. Entre deux notes, on entend le bruit
filant des doigts sur les cordes, impureté s'il en est de
prime abord, qui se mue vite en un bruitage attachant. La pochette de
l'album déjà annoncait la couleur de cette album. Une
photo jaunie par le temps, un jeune homme sur un bateau de pêche,
« Tropism » était bien un appel aux
voyages.
Une ambiance legerement pesante sur
certains titres (« Tearing Apart the Noise She Makes »
et son fond inquiétant) contraste avec la luminosité de
ces guitares jouées note après note, rappelant le
classique par moment. Cette musique ambient ne saurait pour autant
être écoutée en musique d'ambiance. « Tropism »
demande à l'auditeur un effort. Il ne suffit pas d'insérer
le disque dans la platine et de laisser aller. Il faut véritablement
se concentrer sur cet album, ne rien faire sinon l'écouter, au
risque, si on ne suit pas cette recommandation, de passer totalement
à côté du sujet.
Une œuvre très répétitive,
marquée ça et là de titres qui sortent tout de
même du lot (« Patterned Like Lovers »),
et qui invite à n'en pas douter au voyage, qui est en outre
capable de plonger l'auditeur dans un spleen décomposé,
mélancolie certes, mais pas seulement. La beauté de ces
instruments effleurés qui avancent avec les samples
désarticulés offrent à l'auditeur de rentrer
dans « Tropism » comme ils iraient en terre
inconnue pour la toute première fois. Pas trop de références
pour cet opus, pas non plus de guide clair, ou de fil conducteur, si
ce n'est la mélodie de ces notes déposées.
Aucune rythmique claire, comme si la volonté de Bexar Bexar
était de perdre l'auditeur en plein coeur de l'opus.
Les
sons de cet album se décomposent sur deux étages. Le
premier étage est composé de ces samples distendus,
arythmiques et allongés qui nous font penser être
enfermés dans une bulle de savon qui déformerait les
sonorités avoisinantes. Le second étage est au
contraire parsemé de notes d'une guitare cristalline qui nous
invite à l'évasion étrange, sans nous citer pour
autant la direction à prendre. Un album répétitif
certes, qu'il ne fait pas bon écouter en comité élargi,
mais qui ravira sans aucun doute les périodes de rêveries
solitaires.
II) La Nouvelle Scène française : Tout un Programme !
Gainsbourg, et après?
On le sait, depuis toujours, la France
est un haut lieu de la chanson. De tout temps le français a
privilégié la chanson populaire, le fond à la
forme, et les artistes les plus populaires ont toujours été
ceux qui écrivaient et chantaient des textes travaillés,
à défaut de travailler de la même manière
leur musique. Il y a eu les « 3 B » bien sûr
: Brel (un belge !), Brassens et Barbara ; mais aussi des gens comme
Léo Ferré.
Si la musique de Ferré était
moche et un peu craignos, certains de ces textes parvenaient
clairement à flirter (voire plus) avec la poésie.
Concernant Brassens c'est un peu différent, puisque son chant
reconnaissable parmi cent lui permettait d'avoir son propre genre
musical. En plus de cela, son jeu de guitare, parfois appuyé
par une contrebasse, n'était pas si vide qu'il n'en avait
l'air, et les influences jazz se faisaient sentir dans sa musique.
Au sein de cette entité qu'est
la chanson française, et cela dès la fin des années
1950, un homme s'est posé en exception confirmant la règle.
Serge Gainsbourg bien sûr, dont l'approche musicale était,
tout en gardant les codes typiquement français, plus proche de
celle des anglo-saxons que d'autre chose. En clair, Gainsbourg était
un amoureux de la musique et de la mélodie, et ne se résignait
pas seulement à écrire des textes qui tendaient vers
la poésie.
Est-ce que d'autres ont suivi cette voie?
Rarement. Dans les années 80, il y a bien eu Daho et dans une
moindre mesure Chamfort, lesquels je ne porte pas spécialement
dans mon coeur, qui ont tenté -selon moi sans grand succès-
d'écrire quelques chansons pop à l'évidence
imparable. Du côté d'un rock mou, il y a aussi eu des
gens comme Bashung, Murat, mais tout ça restait très
loin du bouillonnement musical qu'on retrouvait outre-manche et
outre-atlantique. Dans les années 90, il y avait bien Noir
Désir, mais leur approche très Brelienne du rock n'a
pas permis de mettre suffisamment en avant la musicalité,
toujours rattrapée par l'écriture de Cantat. Si les français ont toujours
tellement apprécié la chanson à texte, ce n'est
cependant pas dans ce domaine qu'ils sont les meilleurs. Depuis
quelques années la culture musicale française s'est
élargie à d'autres horizons, et il n'est pas rare
aujourd'hui de trouver des artistes français respectés
à l'étranger pour leurs créations autrement plus
musicales que celle de leurs aieux. C'est le cas dans l'electro et
dans le rap. Malheureusement, le plus grand nombre s'obstine à
sacraliser la chanson française comme une exception culturelle
remarquable, nous y reviendrons.
Comme je le disais plus tôt,
Gainsbourg a été un des rares à proposer
d'écouter la musique en français dans le texte sous un
autre angle. Ne prenant pas la qualité d'écriture comme
un prétexte pour proposer une musique trop médiocre, il
a sans doute réalisé le meilleur album de pop de
l'hexagone : Histoire de Melody Nelson (1971), et cela malgré
le handicape vocal que représentait Jane Birkin. Cet album
reste un événement fondateur d'une autre chanson
française, bien qu'elle soit encore aujourd'hui à un
stade embryonnaire. N'hésitant pas à y incorporer des
rythmiques funky, et des influences très rock, Gainsbourg s'est toujours posé en chercheur
de sonorités. Sonorités qu'il trouvera avec plus ou
moins de réussite dans les années 1970 et 1980.
Retour vers le présent. Laissons
de côté les Aznavour, Cabrel, Halliday ou Sardou.
Concentrons nous sur ce qu'on appelle pompeusement « la
Nouvelle Scène Française ». Au sein de celle
là il y a plusieurs courant, mais, commençons par
évoquer le roi Matthieu Chédid, -M- de son nom
d'artiste. Intouchable parmi les intouchables, il est un de ces « fils
de » (au même titre qu'un Thomas Dutronc), certes
doté d'un talent indéniable, mais la popularité
dont il jouit, et l'extase qu'il provoque chez les commentateurs
Naggui-like, sont largement surfaites.
le "taratata" n'est pas ici par hasard !
Il y ensuite la dynastie des
gastéropodes dépressifs. Leur fer de lance est sans
aucun doute ce très cher Vincent Delerm, qui n'est en vérité
qu'un incapable (preuve sonore à l'appui). Dans une saignée
plus ou moins similaire, Bénabar et sa chanson réaliste,
sous-couvert de textes humoristiques (ha bon?) dévoile au
monde entier ou presque sa voix monocorde, sa musique sans saveur.
Dans un tout autre style, les
troubadours alter-mondialo-capitalistes de Tryo ou de La Rue Ketanou
se taillent une part belle du gâteau, en exploitant le filon de
la rébellion cannabi- quement pacifique. La démagogie de
leur propos n'a sans doute d'égal que la médiocrité
de leur simili-reggae Fm (ou la variante « l'accordéonisme
caravanistique »). C 'est dommage, parce qu'à
l'étranger, certains se servent à peu de choses près de ces sonorités là pour créer quelque chose de supportable. En
France même, le groupe Java, adepte de l'accordéon sur
leur premier opus, était parvenu à en faire quelque
chose de tolérable !
On va garder un peu de dignité
et vous épargner Jeanne Cherhal, la Grande Sophie ou
encore Vanessa Paradis ; pour passer directement aux quelques motifs
de satisfaction issus de cette nouvelle scène française.
Malheureusement, il s'agit en fait souvent de demi-satisfactions. A
la sortie de son premier opus, Ridan semblait frais et sympathique,
mais là encore, une chanson à texte parsemée de
fautes de conjugaison, ça fait un peu tache. Le concernant,
l'espoir n'a donc été que de courte durée. Les
Têtes Raides en revanche sont plus difficile à cerner.
S'il ont sorti une bonne quinzaine d'albums, au cours desquels ils
naviguaient entre chanson et rock, seuls quelques uns méritent
un salutation. En 2005 sortait Fragile. On pouvait y retrouver « Je
voudrais pas crever », long poème de Boris Vian,
habilement mis en musique : une façon de conserver l'attrait
de la chanson française pour les textes, tout en proposant en
parallèle, une véritable proposition musicale.
Enfin Tété, auteur de
trois albums (L'air de Rien ; A la Faveur de l'Automne, Le Sacre des
Lemmings et autres contes de la Lisière) est un des rares
artistes français à s'être lancé dans un
paysage musical plus folk. A la manière des américains
ou des anglais, il sait proposer une folk-pop mise en avant par le
jeu de guitare, le son relativement dépouillé, et une
recherche de la mélodie inédite et pas convenue. S'il
s'était lamentablement vautré sur son second album, il
a en revanche proposé quelque chose de fort original sur les
deux autres.
Si les artistes français qui se
lancent dans la chanson parvenaient plus souvent à
s'approprier la musique folk et rock, sans avoir l'ego surdimensionné
de penser qu'ils proposent une musique aussi originale qu'inégalable
(ce qu'ils semblent être les seuls à penser), peut-être
auraient ils plus de succès à l'étranger, et
sans doute pourraient ils proposer des oeuvres plus originales et
inventives. Ils ne semblent malheureusement pas très bien
partis pour cela.
Si la culture hip-hop est un mouvement
artistique et social contestataire, est-ce que la musique rap doit
l'être forcement? Mine de rien, la question se pose. D'aucuns
diront que oui, ce qu'il y a d'intéressant dans le rap, ce
sont les paroles, et qu'après tout la musique ne vient qu'en
second plan, qu'elle ne vient même pas du tout pour quelques
uns. Ce point de vue est à mon sens non seulement totalement
dépassé, mais il abaisse en plus la musique rap au rang
de style mineur : les rappeurs ne seraient après tout pas des
musiciens à part entière, mais juste quelques
néo-troubadours engagés politiquement et/ou
socialement.
En fait, ce point de vue en arrange
beaucoup. A commencer par cette génération merdeuse de
rappeurs francophones. D'un côté nous avons Booba, de
l'autre, Sinik ou Diam 's. D'un côté nous avons le
provocateur au flow de chèvre exhibant bien plus sa dignité
phallique que ses talents d'artiste. De l'autre, nous avons les
chèvres engagées. Le pendant rap d'un Cali ; c'est dire
! Diam's par exemple, qui écrit le morceau « Marine »,
hymne aussi populiste que merdique d'un point de vue musical, et qui
se veut subversif. La seule subversion ici, c'est d'oser sortir un
titre aussi vide au niveau des idées qu'au niveau de la
création artistique.
Si dans les années 80 et 90, les
aïeux Kool Shen et JoeyStarr conduisaient la machine de guerre
NTM avec une rage sociale non-feinte, la qualité de leur
musique n'était pas à chercher exclusivement dans le sens
de leurs textes. La qualité musicale du duo était
autrement supérieure à celle des Soprano, Sniper et
autres couilles molles qui représentent. Les rythmiques de NTM
étaient certes simpliste, mais la production irréprochable
favorisait la puissance sonore du groupe. Les prestations live
énormes étaient au rendez-vous (Live au Zenith), et
le flow de JoeyStarr n'a jusqu'à aujourd'hui pas été
égalé, ni même concurrencé, dans ce rap
francophone là.
On l'aura bien compris, ce rap là
n'a pas voulu évoluer. Se complaisant dans sa propre
caricature, il est devenu aussi grotesque que mauvais. A écouter
les spécialistes musicaux de France 2 & Co., le rap c'est bien, et
Diam's en est une digne et remarquable représentante, d'autant plus
qu'il s'agit d'une femme. Mon cul ouais, elle fait d'la merde en
barres, avouez !
A la vue de ce spectacle consternant,
il faut donc chercher ailleurs l'intérêt du rap en
France. La majorité des artistes dits « mainstream »
ne se sont jamais posé la question, puisque le lobby d'une
radio nationale très connue leur permet de vendre des dizaines
de milliers d'exemplaires de leur infâme merde sonore, sans
faire d'efforts.
Sur la liste des artistes rap qui n'ont
pas droit de cité sur la bien-nommée Skyrock, on
retrouve plusieurs petites familles. Il y a bien sûr le rap dit
« alternatif », au sein duquel bon nombre de
groupes différents se côtoient, un peu en marge de la grande
mascarade. Avec plus ou moins de bonheur, des gens comme Fuzati, TTC
ou les Gourmets proposent une autre vision du rap. Les puristes du
rap à l'ancienne les qualifieront de « faux
rappeurs en bois », ce qui ne peut pas être le cas
de Fayce le Virus. Ce dernier justement, est proche des Gourmets.
CQFD.
Il y a aussi le rap sans concession de La Rumeur, groupe parisien qui ne fait pas dans la fausse provocation, et qui se contente d'user de son droit d'expression, au risque d'être inquiété par la justice, et par le ministre de l'intérieur d'alors ; Nicolas Sarkozy. La Rumeur maintes fois relaxés par la justice, Sarkozy et sa bande ont fait appel à chaque fois afin de faire condamner la formation parisienne. Musicalement, le groupe développe un rap axé sur le sens comme sur le fond. Les MCs ne disposent pas tous d'un flow vraiment remarquable (ils ne sont pas connus pour la rapidité de leur élocution), mais la verve de leurs flows et leurs lyrics associés à l'ouverture musicale enrichie qu'on retrouve sur les instrus (Serge Teyssot-Gay, de Noir Désir à la guitare sur "Je suis une Bande Ethnique A Moi Tout seul") variées du groupe.
Pour continuer dans un rap à la facture classique quoiqu'inventive, il y a, dans un autre genre, celui distillé par Psykick Lyrikah, duo formé par le MC Arm et le DJ TeddyBear. Pour le coup, la qualité d'écriture est au rendez-vous, et ferait baver d'envier Sinik ou Diam's, encore faudrait qu'il que ces derniers se rendent compte du talent d'écriture d'Arm (Il faut absolument écouter leur premier album "Des Lumières sous la Pluie" et pourquoi pas aussi les suivants tant qu'on y est, tous très bons !).
Aussi, on pourra citer La Caution, peut
être l'un des plus dignes représentants de notre rap
francophone foisonnant. Les deux frères ont le mérite
d'allier à la fois des instrus inventives et variées,
et un flow efficace et esthétique, tout en tentant dans le
même temps de proposer des lyrics originales prenant aussi bien
en compte la forme que le fond.
Ne nous arrêtons pas à cela pour autant. Le rap français est bien plus développé et diversifié qu'il ne le laisse transparaitre de prime abord. Tout comme le rock est un style musical qui regroupe de nombreux genres, le rap englobe quant à lui de nombreuses variantes. Ainsi le rap que propose Booba est différent de celui d'un Sinik dans la réalisation (d'ou le célèbre "clash" entre les deux, bien que cela relève également d'une basse querelle d'égos surdimentionnés). La musique de NTM privilégie la puissance sonore tandis que celle du Klub des Loosers (Fuzati) s'évertue à tirer la corde de l'humour noir et de la chronique sociale décalée.
Enfin, il y a les ovnis, ceux qu'on ne
saurait vraiment pas classer, qu'on hésite même à
qualifier. NonStop par exemple, et son rap angoissant, electroïde
et décalé, dont les lyrics, sous-couverts d'absurdités,
regorgent de sens-cachés sociaux : tout ce que les rappeurs de
cette nouvelle génération Skyrock n'ont pas eu le
talent de faire
Stupeflip est à n'en pas douter le groupe le plus hybride de la scène rap française. A tel point que certains n'osent pas le qualifier ainsi. Selon le "Crou",Stupeflip est une formation qui mélange "rock, rap et ritournelles de variété". Leur univers de prime abord très léger et complètement fou renferme en fait quelques subtilités et questions qui reviennent à maintes reprises sur leurs deux albums studios ("Stupeflip", puis "Stup Religion") : le thème de l'enfance est par exemple omniprésent dans leur musique, bien que le groupe ne s'en défende. Un univers très riche et complexe en somme qui place Stupeflip à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de cette grande famille du rap en France.
Il ne s'agit bien sûr pas
d'opposer un rap mainstream à un rap underground et
alternatif. Ce débat là également est dépassé.
Mais force est de constater que les médias nationaux ne
remplissent absolument pas leur rôle de diffuseurs de culture.
Se contentant de proposer la plus basse fange de la musique rap
française, il se montrent indéniablement complices d'un
abaissement général du niveau montré sur les
ondes et les antennes. Comment peut-on affirmer que le rap est une
musique de grande qualité, comme toutes les autres, si les
points de comparaisons se nomment Diam's, Psy4 de la Rime ou encore Rohff. Pour rester dans le mainstream, et pour ne pas forcement avoir l'air de dire que l'alternatif est forcement meilleur ; prenons un contre exemple. Le Saian Supa Crew par exemple, qui allie avec talent humour et sérieux, le tout accompagné d'instrus drôles ou sombres, selon le titre. Leur meilleur album est certainement le second, X Raisons, alors que le premier, KLR, manquait de maturité, et que le troisième, Hold Up, sombrait trop souvent dans la facilité. Depuis, certains membres ont quitté le navire. Si Vicelow (noir à lunettes) est resté, Leeroy (sans doute le membre du SSC au meilleur flow) ainsi que Specta qui apportait une touche glauque aux titres du Crew, sont quant à eux partis.
Leeroy justement, sur son premier album studio "Open Bar", nous propose une imitation caustique très convaincante du "Rap Booba"sur Allo Docteur. Une manière de dire que la tendance actuelle, à singer B20 pour plaire au public, est tout à fait ridicule.
A travers tous ces exemples, on a bien vu que le rap en France ne va pas toujours dans la même direction. Au contraire, il est constitué de multiples courants, lesquels sont pour la plupart largement sous-représentés, tandis que d'autres monopolisent la couverture médiatique sur eux. C'est pour cette raison sans doute que certaines personnes se permettent de critiquer le rap alors qu'ils n'ont malheureusement pas toutes les cartes en main pour pouvoir se faire une idée un minimum objectif.
Ceux qui considèrent alors que
le rap n'est une musique monocorde et dotée d'une unique
facette brident considérablement son potentiel de grande
musique, alors que les artistes les plus créatifs au sein de
ce style musical sont sans arrêt laissés dans l'ombre au
profit des arnaqueurs de premier rang. Alliant à la fois la
musicalité instrumentale et celle du flow, cette musique est
qualifiée par ses détracteurs de brouhaha non-mélodique.
Ceux-là confondent donc la musicalité et la mélodie,
et trouveront par conséquent que ce que font des gens comme Michel Sardou est
autrement plus légitime que le rap lorsqu'il s'agit de
qualifier une création de musique ou non. Ca peut paraître
absurde, mais pour certains, le rap n'est qu'une succession de mots
incompréhensibles, déblatérés sans technique ni
recherche. Ne les blâmons pas pour autant, et essayons de les
convertir à l'amour de la musique, quelle qu'elle soit, d'autant plus que le rap français est sans doute l'un des plus créatifs en ce moment ! Les groupes qui ont été cités ici, qu'il s'agisse de La Rumeur, le Saian Supa Crew, La Caution, Psykick Lyrikah, ou même le Klub des Loosers, TTC et Les Gourmets, en passant par Stupeflip et NonStop ont évidemment leur place sur la scène rap. Ils bénéficient tous d'un public plus ou moins conséquent, mais leur musique reste tout de même plus confidentielle que les rappeurs sponsorisés par Skyrock, MTV, etc.
Comme je le disais précédemment, il serait temps que les médias les plus exposés, et pas seulement les plus petits, commencent à être concernés par la culture. Cela vaut pour le rap c'est vrai, mais pas exclusivement. Il s'agit d'un exemple parmis d'autres, qui montre que les télévisions et radios nationales, ne font pas le maximum pou reveler au public ces artistes qui le méritent. Preuve en est, les Victoires de la Musique, on seuls quelques groupes propres sur eux ont le droit de prétendre à un prix. En 2005, La Caution sortait son excellent second album "Peine de Maures/Arc-en-Ciel pour Daltoniens". Dans la catégorie fourre-tout "Rap, Hip-hop, R'n'B", étaient nommés TTC certes, mais aussi Passi, Rohff, et Nadiya, cette dernière ayant remporté la recompense. Les Victoires de la Musique qui sont qualifiées de grane fête de la musique française, devraient logiquement récompenser le meilleur travail artistique. Au lieu de ça, la cérémonie fonctionne comme les autres cérémonies de recompense musicale cathodiques : On récompense celui qui vend le plus d'album ; ce qui revient à dire à demi-mot que ceux qui vendent le plus sont les meilleurs.
1. A Call To Arms 2. Nantes 3. A Sunday Smile 4. Guyamas Sonora 5. Le Banlieu 6. Cliquot 7. The Penalty 8. Forks and Knives (La Fete) 9. In The Mausoleum 10. Un Dernier Verre (Pour la Route) 11. Cherbourg 12. St. Apollonia 13. The Flying Club Cup
Beirut avait surpris la petite planète musicale en 2006, avec son premier opus Gulag Orkestar. Un an plus tard à peine (en 2007 donc, vous avez bien suivi les cours de math à l'école !), le groupe, ou plutôt le jeune Zach Condon, revient avec son second album studio « The Flying Club Cup ». Les thématiques du voyage et de la mélancolie n'ont pas quitté l'esprit du jeune américain. Mais depuis le « Gulag Orkestar », Owen Pallett, membre d'Arcade Fire, est passé par là; et a transmis son savoir à Zach Condon pour que ce dernier sublime un peu plus encore sa musique.
Si les senteurs de l'est européen se font toujours sentir sur « The Flying Club Cup », la musique française, et notamment ses accordéons habituellement ringards à souhait, enrichissent cette seconde livraison qui s'inscrit dans le sillon de la première, sans pour autant la mimer. Les titres en français dans le texte (« Nantes », « Cherbourg », « Un dernier Verre (Pour la Route ») sont autant de références légères à l'hexagone, au sein d'un album qui reste estampillé du sceau des Balkans et des fanfares de là-bas.
Entre spleen et fête (« Forks and Knives (La Fête) »), Beirut délivre une musique profondément géographique. Si selon l'expression populaire elle n'a pas de frontière, la musique a en revanche une affiliation à un lieu, et dans le cas de Zach Condon, cette musique se dirige naturellement vers le sud-est européen, lieu de brassage s'il en est. Les cuivres et les rythmiques extrêmement orientales de « In the Mausoleum » contrastent avec la relative discrétion du titre suivant (« Un dernier verre pour la route »), tandis que la voix du jeune homme originaire de Santa Fé, toujours aussi unique, toujours aussi mature, offre à toutes ces compositions originales, une classe indécente, presque injuste : Il est clair qu'à 23 ans à peine, chanter de la sorte, et être si habité dans son chant, si charismatique, doit irriter plus d'un jaloux chanteur médiocre !
Mais là ou là musique de Beirut se fait la plus belle, c'est lors de ces nombreuses envolées lyrico-balkaniques qui frappent l'album en plusieurs points. Comment ne pas être subjugué par l'intensité de « Guyamas Sonora », le chant habité de « Cherbourg » ou au contraire par la sobriété de « Penalty », soutenu par un fluet ukulélé?
Je suis de ceux qui pensent que l'inventivité est quelque chose d'important dans la musique, et que si elle stagne, son essence se dilue dans l'habitude. Avec Beirut, et bien que cet album soit le prolongement du précédent, on reste à mille lieux d'une musique stagnante. Il faudrait à coup sûr dix albums de la même trempe pour pouvoir espérer commencer à s'en lasser ! En résumé, une musique aussi belle que mélancolique, un chant rare et profondément habité, une inventivité remarquable. Et de tout ça se dégage une émotion ni fausse, ni feinte. A moins d'avoir un esprit cloisonné, d'être un rocker bourrin, ou de n'être touché que par les chants mielleux et surjoués de quelques chanteurs adeptes du théâtre plus que de la musique, on ne peut pas passer à côté de la musique de Beirut. Ce serait un crime, c'est certain !