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MangeDisque

23 janvier 2009

Daniel Martin Moore – Stray Age

TRACKLIST
Stray Age
It's You
That'll Be the Plan
In These Hearts
Who Knows Where the Time Goes
The Old Measure
By Dream
Where We Belong
Restoration Sketches
Every Color and Kind
The Hour of Sleep

DMM


Découvrez Daniel Martin Moore!

Avis à tous les folkeux et autres amateurs de musiques douces et enivrantes. Un feu de cheminée, ou n’importe quel autre cliché du type fera l’affaire. Le premier album de Daniel Martin Moore (Kentucky), enregistré en 2007 et 2008, intitulé « Stray Age », est sorti sur le label Subpop ; label qui aurait par ailleurs signé l’artiste américain sur la foi d’une simple démo.

 Daniel Martin Moore propose à ses auditeurs onze titres très homogènes, et si cet album n’est pas une révolution dans la création musicale, il y a fort à parier que peu lui en chaut. La douceur des onze pièces n’a d’égal que les sentiments opposés qu’il est probable de ressentir  à l’écoute de ce premier album. Une atmosphère à la lisière de l’été et de l’automne qui nous plonge entre douce rêverie et mélancolie feutrée. L’album lui, suit tranquillement son cours et les mélodies habitées de Moore se retrouvent soutenues par une guitare folk souvent, et une batterie effacée parfois (« The Old Mesure »).

Si la six cordes est l’instrument de prédilection du jeune musicien, le piano fait une entrée distinguée sur le septième titre « By Dream », lequel se démarque des dix autres pièces par sa couleur plus automnale, comme une fin de transition. Le mois d’octobre succède ici en toute logique aux premiers jours de l’été, avant que « Where We Belong » nous emporte à nouveau vers les notes de guitares saupoudrées d’une voix apaisée.

Puisqu’il est souvent de bon ton de comparer les artistes, nous évoquions il y a quelques mois l’album de David Karsten Daniels (« Sharp Teeth »). Certes, tout comme Daniels, Moore propose une folk-music ni actuelle, ni dépassée, et il est vrai qu’une collaboration de ces deux artistes n’étonnerait personne. Mais la musique de Moore est tout à fait différente de celle de Daniels. Là ou le second fait plonger, au fil de son album, l’auditeur sous le niveau des mers, le premier en revanche le maintient au minimum à la surface, l’installant le plus souvent dans une forêt de septembre. Sa mélancolie déjà évoquée a la saveur d’une fin d’été adolescent, un goût amer d’au revoir et de retour au bercail. Et la classe de sa musique nous inviterait aux souvenirs des amours adolescentes, mais sans sarcasme, sans ironie, sans même une pointe de cynisme. On ne peut pas le blâmer pour ça, définitivement.

Par Womanos

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20 janvier 2009

Kasabian – Kasabian

TRACKLIST

Club Foot

Processed Beats

Reason is Treason

I.D.

L.S.F. (Lost Souls Forever)

Running Battle

Test Transmission

Cutt Off

Butcher Blues

U Boat

51F5KSJ8B2L


Découvrez Kasabian!

 Kasabian. Leicester. Pas même Londres ? Tant mieux. Leur album éponyme est une des productions rock, au sens musical du terme, les plus enthousiasmantes des dernières années. Une puissance sonore inouïe, couplée à une surenchère de mélodies imparables : 100 % UK. Sorti en 2004, et modelé d’une dizaine de titre, « Kasabian » (l’album) est une totale réussie pour Kasabian (le groupe).

 Résolument rock, je l’ai dis, cet album n’en est pas moins un carrefour sonore impressionnant. L’évidence pop des dix pièces est portée par une énergie électro 90’s détournée. Si « Club Foot » et son refrain indécent agissent sur nos écoutilles telle une arme de destruction massive, l’auditeur n’est pas en reste lorsque s’élance le second morceau « Processed Beat », moins vengeur mais tout aussi efficace. Outre-manche, le NME et ses poursuivants, c’est-à-dire toute la presse musicale majeure, n’ont d’autre idée que de comparer tout nouveau groupe de pop brillant à leur prétendu pendant des 90’s, Oasis (le NME comparait même récemment Dizzee Rascal à Oasis, c’est dire.). On se demande bien pourquoi, tant le fossé est grand entre les deux formations. Seul « Reason is Treason » pourrait rappeler les frasques musicales des frères Gallagher, et encore, cela passerait pour une comparaison forcée.

 Oasis et Kasabian ne jouent définitivement pas dans le même bain musical. Les premiers sont des adeptes du « tout-beatles » : les mélodies, les constructions Uber-pop et très 60’s. Les seconds se meuvent dans un univers sonore plus sombre, plus étrange, ou les morceaux s’arrêtent parfois en plein chaos pour redémarrer de plus belle. Kasabian incorpore l’electro des années 90, le rock comme la pop, tandis que les premiers n’ont d’yeux que pour leurs vaniteuses photocopies.

 Finalement, l’album n’a pas ici très largement été évoqué. Mais que dire en fait, si ce n’est que ces dix titres sont tous doté d’un ADN unique. Les hymnes sont légion. De « Club Foot » à « L.S.F », d’un « Cutt Off » autodétruit par ses breaks et ses nonsens, à un « U-boat » déconcertant. Si l’on est parfois décontenancé, étonné par cette album, rien au final n’est à jeter, pas même ces remontées  de rave-secte sur U-Boat. Un premier album au bon gout de crasse et de feu, déjà bien confirmé par le second, « Empire », et son autre lot de météores vibrantes.

Par Womanos

7 octobre 2008

The Coup – Pick a Bigger Weapon

the_coupTRACKLIST
Bullets and Love (Introduction)
We Are the Ones
Laugh/Love/Fuck
My Favorite Mutiny
Ijuswannalayaroundalldayinbedwithyou
Head (Of State)
Shoyoass
Yes 'Em to Death
Ass-Breath Killers
Get That Monkey off Your Back
Mindfuck (A New Equation)
Two Enthusiastic Thumbs Down
I Love Boosters!
Tiffany Hall
Babylet'shaveababybeforebushdosomething'crazy
Captain Sterling's Little Problem

The Coup est un groupe de rap, américain, d'Oakland, communiste. Je sais que cette association de mots peut sembler improbable, voir rédhibitoire, mais attardons nous tout de même un peu plus sur ce sixième opus de la formation étasunienne, et tentons de ne pas jouer les repus bedonnants face à cette galette qui sait au final nous réserver quelques surprises ! Aujourd'hui composé de Raymond "Boots Riley" Riley, et DJ Pam the Funkstress, il comprenait lors des deux premiers opus un troisième membre, E-Roc.

Le déterminisme géomusical (oui cette théorie est completement foireuse, je sais) veut que ce groupe originaire d'Oakland se démarque par des instrus résolument californian funk, très 1970's dans sa musique, à la limite du bon goût. A la limite oui, mais jamais du mauvais côté, puisque le groupe incorpore à sa musique une bonne dose d'humour qui justifie l'emploie de ces basses étonnantes ou de ces effets de simili-wah-wah. Un propos certes engagé pourrait-on dire, mais qui ne fait jamais de l'ombre à la musique du duo, laquelle n'est jamais reléguée au second plan. Le morceau « My Favorite Mutiny » (featuring Black Thought de The Roots, et Taleb Kweli) et son instru marquée par un clavier sympathique servent de base parfaite au flow tranquille quoiqu'efficace de Boots Riley et de ses deux camarades de jeux !


Et le groupe de chanter avec entrain sur le refrain de « Laught Love Fuck » : «  Laugh Love Fuck... and drink liquor ». La seconde partie du refrain, traduisant la volonté d'une révolution plus rapide, est selon moi, moins universelle que la volonté de rire, d'aimer, et de tout ce genre de trucs plus que géniaux. Et si les sons funky sont ici résolument 70's (« I Just Wanna Lay Around All Day In Bed With You », « BabyLet'sHaveABabyBeforeBush Do Something Crazy ») , The Coup y va de sa petite incursion 80's de temps à autres. Cela ne prouve qu'une chose, c'est que le groupe a en effet beaucoup d'humour, voire d'autodérision...

« Pick a Bigger Weapon » reste un album inégal du long de ses dix-sept titres funky à souhait. Tous les morceaux ne bénéficient pas d'une production irréprochable, mais bon nombre d'entre eux le sont. Les instrus et la musique de The Coup se traduit par un ton rosé, orangé. Elle pourrait être sortie d'un comics douteux, d'un emballage de malabar. Cet album est ainsi fait qu'il donne envie de danser et de se dire, dans un moment de folie, que la sculpture capillaire de Boots Riley est coolissime. « Pick a Bigger Weapon » est un album frais et festif, teinté certes de militantisme décalé (Bush se retrouve dans le même lit que Saddam Hussein sur « Head (of State) ») , et surtout d'instrus de prime abord litigieuses, mais au final incontestables. Un très bon album de rap US en fait, marqué par un discours finalement très peu courant. A ecouter sans aucun doute !

Par Womanos

6 octobre 2008

Robert Wyatt – Rock Bottom

TRACKLIST

Robert_Wyatt___Rock_Bottom1. Sea Song
2. Last Straw
3. Little Red Riding Hood Hit The Road
4. Alifib
5. Alifie
6. Little Red Robin Hood Hit The Road

Je n'ai pas pour habitude de chroniquer de très vieux (même si tout est relatif) albums, parce que d'autres l'ont fait bien mieux que moi auparavant. Mais quelques fois, je ne peux pas m'empêcher d'évoquer tel ou tel artiste. Ça a été le cas avec Jimi Hendrix et Electric Ladyland ; Et c'est aussi le cas ici, avec cet album de Robert Wyatt : « Rock Bottom ».

Avant de passer à l'écoute à proprement parler de cet opus, il convient de remettre la genèse de cet opus dans son contexte. Après une chute de quatre étages, Wyatt se retrouve à l'hôpital. Paralysé des deux jambes, c'est au cours de cette période qu'il compose, à l'aide de son piteux Bontempi, cet album solo. L'ancien batteur des Soft Machine perpétue la sordide légende rock selon laquelle des pires tragédies émergent les plus beaux albums.

Parce qu'en effet, « Rock Bottom » est un très bel album. Les nappes sonores sous-marines de « Sea Song » font écho au chant aérien et haut perché de Robert Wyatt. Six morceaux en tout composent cette oeuvre. Et les six provoquent une sorte de réaction épidermique. Sans même connaître les circonstances extra-musicales de la création du disque, on sait que le musicien a quelque chose à dire, et que son talent de composition hors du commun est mis à la dispositions de titres étranges, tels que « A last Straw » et sa descente en sous-sol lente et alambiquée. Le rock est présent, mais pas tant que cela au final. Les cuivres qui agissent comme des chocs electriques viennent raviver les états de végétation, de marasme et de sensation de ne plus pouvoir avancer (« Little Red Riding Hood Hit The Road »).

« Little Red Riding Hood Hit The Road » est justement un morceau décomposé en deux parties. La première partie correspond au titre numéro trois de l'album, tandis que la seconde partie, sixième et dernier titre de l'album, se dessine en conclusion de classe absolue. La rythmique quasiment militaire au début du morceau, massée, puis remplacée par des textures sonores très hautes, sorties de claviers malades et de guitares déprimées, se muent en mélodie teintées d'une hauteur psychédélique et d'un spleen à semi-palpable. Le « White Rabbit » du Jefferson Airplanes dérangé par beaucoup plus malicieux que lui en somme. Un morceau aussi, ou les sonorités se répondent, les différents mouvements se succèdent naturellement.

« Rock Bottom » reste un grand album des années 1970.  Sorti en 1974, A contre-courant d'une vague musicale très axée sur la guitare, le rock furieux, Robert Wyatt se pose et s'impose en dandy aussi bien désabusé que lumineux, aussi triste qu'heureux. Cet album est tout simplement beau ; et  il effleure le jazz ça-et-là, et flirte à maintes reprises avec l'ambient pour au final donner une impression des plus bizarres : une sorte de neurasthénie lumineuse.

Par Womanos

6 octobre 2008

OrelSan - MC Normand !

2312438495_8503823be1On va essayer de faire simple et concis. Orelsan c'est un peu un déglingué du cerveau. Originaire de Caen City, le normand a fait ses armes avec Gringe au sein du groupe Casseurs Flowters, et sur diverses mixtapes (Undertoc, Bombattak, Ombre 2 choc 2, Talents fâchés 3, Rap 2 rue, Herbes de provinces, Apash). Orelsan nous parle depuis quelques années déjà de son premier album, et on finissait par ne plus y croire, en se disant que le jeune homme est bien gentil, mais qu'il faudrait qu'il arrête d'affirmer des nouvelles aussi fraiches qu'un poisson de la Seine. Tu vois le topo?

Enfin bref, il se trouve que dernièrement, Orelsan annonce qu'il a signé un deal avec le label indé « 3eme Bureau », que son album est en phase d'être bouclé, et qu'il va faire une mini-tournée qui passera deux fois à la Boule Noire (Paris) au mois d'octobre. Du lourd donc, du concret qui justifie cette chronique informative plus que critique !

Très porté sur le sexe et l'alcool, ses deux passions vraisemblablement, Orelsan distille avec son flow improbable, des lyrics qu'on pourrait qualifier de vulgaires, bien que souvent drôles. Il a pour lui un certain talent lorsqu'il s'agit d'aligner les punchlines : « ferme ta gueule, ou tu vas t'faire Marie Trintigner » (« Saint-Valentin »). Certes, si on est militant féministe adepte du premier degré, comme l'est la vieille Isabelle Alonso, ça risque de passer en travers de la gorge, si je puis dire. Mais en oubliant ces considérations très terre-à-terre et relativement chiantes, ça reste plutôt drôle. Bénéficiant de bonnes productions de Skred, le Mc Normand sait être mélancolique et sérieux (pas vraiment en fait, mais à sa manière en fait) sur « Sous Influence » mais aussi sur son titre le plus populaire « Changement ».

Si comme on l'a dit, son flow est improbable quoique tout à fait unique, une de ses qualités majeures est lebig sens inné de la punchline. Pas qu'il soit un véritable adepte de l'écriture originale et de qualité comme le serait un fuzati, loin de là, mais les thèmes abordés ici, parviennent à l'être sous un angle inédit, et appuyés par quelques phases délectables : « J'arrache le piercing du sale blanc dans tribal king » (« Sous Influences ») ; « Ma génération Game Boy sniffe plus de lignes qu'un Tétris » (« Changement ») ; "Hey devinez qui débarque sans crier gare? C'est O.R.E.L San, moitié homme, moitié pilier de bar !" (« Sous Influences »).   

Son côté un peu bourrin et vulgaire pourra rebuter les uns, lasser les autres, mais ce rappeur made in calvados a le mérite de proposer une musique souvent drôle, et a bien le droit je pense, d'être au moins connu par un plus grand nombre. Après, c'est à chacun de se faire son opinion !

Par Womanos.

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6 octobre 2008

La Caution & Château Flight – Crash Test

laCaution_crashtestTRACKLIST

01. ambulance opulente
02. crash test
03. une épave sur la route (avec alin adren)
04. déserts et lézards
05. mauvaise descente
06. crash test (instru)
07. une épave sur la route (instru)
08. déserts et lézards (instru)

Lorsque deux duos de grand talent se rencontrent et ensemble font un album, ça donne une pièce jouée à quatre mains de maîtres. La Caution (Hi-Tekk et Nikkfurie) et Château Flight (Gilb'R et I:Cube). Le groupe de rap français s'associe donc sur cet opus à un groupe d'electro, pour créer une petite bombe hip-hop plus efficace que jamais. Sorti en 2002, « Crash Test » est une compilation de huit titres, dont trois instrumentaux. Les instrus electro se marient parfaitement aux flows des deux rappeurs de Noisy-le-Sec.

Sur « Ambulance Opulente », premier titre totalement (ou presque) instrumental de l'album, des rires étranges se déposent sur un son saccadé et mené par une rythmique classique d'où sort quelques sonorités originales. « Crash test » le titre qui donne son nom à cet EP voit entrer en scène Hi-Tekk et NikkFurie, lesquels ne se font pas prier pour distiller un rap efficace à souhait sur une instru rappelant celles de La Caution sur « Asphalte Hurlante », tout en sentant bien la patte electronisante de Château Flight. Fichtrement efficace, ce titre, qui nous donne vraiment envie d'entendre ce que ça peut donner en live.

« Une épave sur la route » est un titre plus mélo-dramatique aux sonorités post-70's étonnantes, et sur lequel le bien-nommé Hi-Tekk est soutenu par la chanteuse japonaise Alin Adren. Les lyrics des titres non-instrumentaux de cet album sont encore une fois à la hauteur. La Caution envoie avec son flow des paroles parfois drôles, parfois un peu inquiétantes aussi. « Une épave sur La Route » revient en fin d'album pour sa version instrumentale, tout comme « Crash Test » et enfin « Déserts et Lézards », qui dans son titre, nous rappelle l'étrange pochette de cet opus. Ces trois titres instrumentaux permettent à l'auditeur d'apprécier avec plus de précision le niveau sonore proposé par le groupe Château Flight.

Cet album est en fait une belle rencontre. Ces vingt minutes ne peuvent malheureusement pas rassasier l'auditeur, qui en aurait à coup sûr demandé plus, mais offrent tout de même un bon en-cas de qualité, lequel donne grandement envie de réécouter les albums respectifs de La Caution et de Château Flight.

Par Womanos

6 octobre 2008

Bexar Bexar - Tropism

bexar_tropismTRACKLIST
01 Sweet Devil
02 Listening To Your Party
03 Tearing Apart The Noise She Makes
04 Oil Thumbprints
05 Cotton In The Grossness
06 The Messy Message
07 Patterned Like Lovers
08 A Little More South
09 Window Piece
10 Unsettled And Unable

 

 


Bexar Bexar semble être l'oeuvre d'un américain, originaire de New-York et résident à Austin. « Tropsim » est le deuxième album solo du groupe en question. Une pop minima liste et ambient aux accents électroniques à la fois répétitive et pittoresque. Les notes de guitares ou les touches de claviers s'entremêlent avec intensité et délicatesse pour former dix pièces uniques et travaillées.

Tout commence par « Sweet Devil » son arrière plan sonore maritime brouillonnant qui contraste avec cette guitare acoustique sur le fil du rasoir. Entre deux notes, on entend le bruit filant des doigts sur les cordes, impureté s'il en est de prime abord, qui se mue vite en un bruitage attachant. La pochette de l'album déjà annoncait la couleur de cette album. Une photo jaunie par le temps, un jeune homme sur un bateau de pêche, « Tropism » était bien un appel aux voyages.

Une ambiance legerement pesante sur certains titres (« Tearing Apart the Noise She Makes » et son fond inquiétant) contraste avec la luminosité de ces guitares jouées note après note, rappelant le classique par moment. Cette musique ambient ne saurait pour autant être écoutée en musique d'ambiance. « Tropism » demande à l'auditeur un effort. Il ne suffit pas d'insérer le disque dans la platine et de laisser aller. Il faut véritablement se concentrer sur cet album, ne rien faire sinon l'écouter, au risque, si on ne suit pas cette recommandation, de passer totalement à côté du sujet.

Une œuvre très répétitive, marquée ça et là de titres qui sortent tout de même du lot (« Patterned Like Lovers »), et qui invite à n'en pas douter au voyage, qui est en outre capable de plonger l'auditeur dans un spleen décomposé, mélancolie certes, mais pas seulement. La beauté de ces instruments effleurés qui avancent avec les samples désarticulés offrent à l'auditeur de rentrer dans « Tropism » comme ils iraient en terre inconnue pour la toute première fois. Pas trop de références pour cet opus, pas non plus de guide clair, ou de fil conducteur, si ce n'est la mélodie de ces notes déposées. Aucune rythmique claire, comme si la volonté de Bexar Bexar était de perdre l'auditeur en plein coeur de l'opus.

Les sons de cet album se décomposent sur deux étages. Le premier étage est composé de ces samples distendus, arythmiques et allongés qui nous font penser être enfermés dans une bulle de savon qui déformerait les sonorités avoisinantes. Le second étage est au contraire parsemé de notes d'une guitare cristalline qui nous invite à l'évasion étrange, sans nous citer pour autant la direction à prendre. Un album répétitif certes, qu'il ne fait pas bon écouter en comité élargi, mais qui ravira sans aucun doute les périodes de rêveries solitaires.

 

Par Womanos

4 octobre 2008

L'antichronique moralisatrice, gratuite et pompeuse de Womanos II

II) La Nouvelle Scène française : Tout un Programme !

gainsbourg

Gainsbourg, et après?

 

On le sait, depuis toujours, la France est un haut lieu de la chanson. De tout temps le français a privilégié labrel_ferre_brassens_zoom chanson populaire, le fond à la forme, et les artistes les plus populaires ont toujours été ceux qui écrivaient et chantaient des textes travaillés, à défaut de travailler de la même manière leur musique. Il y a eu les « 3 B » bien sûr : Brel (un belge !), Brassens et Barbara ; mais aussi des gens comme Léo Ferré.

Si la musique de Ferré était moche et un peu craignos, certains de ces textes parvenaient clairement à flirter (voire plus) avec la poésie. Concernant Brassens c'est un peu différent, puisque son chant reconnaissable parmi cent lui permettait d'avoir son propre genre musical. En plus de cela, son jeu de guitare, parfois appuyé par une contrebasse, n'était pas si vide qu'il n'en avait l'air, et les influences jazz se faisaient sentir dans sa musique.


Découvrez Georges Brassens!

Au sein de cette entité qu'est la chanson française, et cela dès la fin des années 1950, un homme s'est posé en exception confirmant la règle. Serge Gainsbourg bien sûr, dont l'approche musicale était, tout en gardant les codes typiquement français, plus proche de celle des anglo-saxons que d'autre chose. En clair, Gainsbourg était un amoureux de la musique et de la mélodie, et ne se résignait pas seulement à écrire des textes qui tendaient vers la poésie.

Est-ce que d'autres ont suivi cette voie? Rarement. Dans les années 80, il y a bien eu Daho et dans une moindre mesure Chamfort, lesquels  je ne porte pas spécialement dans mon coeur, qui ont tenté -selon moi 97_noir_desirsans grand succès- d'écrire quelques chansons pop à l'évidence imparable. Du côté d'un rock mou, il y a aussi eu des gens comme Bashung, Murat, mais tout ça restait très loin du bouillonnement musical qu'on retrouvait outre-manche et outre-atlantique. Dans les années 90, il y avait bien Noir Désir, mais leur approche très Brelienne du rock n'a pas permis de mettre suffisamment en avant la musicalité, toujours rattrapée par l'écriture de Cantat.
Si les français ont toujours tellement apprécié la chanson à texte, ce n'est cependant pas dans ce domaine qu'ils sont les meilleurs. Depuis quelques années la culture musicale française s'est élargie à d'autres horizons, et il n'est pas rare aujourd'hui de trouver des artistes français respectés à l'étranger pour leurs créations autrement plus musicales que celle de leurs aieux. C'est le cas dans l'electro et dans le rap. Malheureusement, le plus grand nombre s'obstine à sacraliser la chanson française comme une exception culturelle remarquable, nous y reviendrons.

 

Comme je le disais plus tôt, Gainsbourg a été un des rares à proposer d'écouter la musique en français dans le texte sous un autre angle. Ne prenant pas la qualité d'écriture comme un prétexte pour proposer une musique trop médiocre, il a sans doute réalisé le meilleur album de pop de l'hexagone : Histoire de Melody Nelson (1971), et cela malgré le handicape vocal que représentait Jane Birkin. Cet album reste  un événement sergefondateur d'une autre chanson française, bien qu'elle soit encore aujourd'hui à un stade embryonnaire. N'hésitant pas à  y incorporer des rythmiques funky, et des influences très rock, Gainsbourg s'est toujours posé en chercheur de sonorités. Sonorités qu'il trouvera avec plus ou moins de réussite dans les années 1970 et 1980.


Découvrez Serge Gainsbourg!

Retour vers le présent. Laissons de côté les Aznavour, Cabrel, Halliday ou Sardou. Concentrons nous sur ce qu'on appelle pompeusement « la Nouvelle Scène Française ». Au sein de celle là il y a plusieurs courant, mais, commençons par évoquer le roi Matthieu Chédid, -M- de son nom d'artiste. Intouchable parmi les intouchables, il est un de ces « fils de » (au même titre qu'un Thomas Dutronc), certes doté d'un talent indéniable, mais la popularité dont il jouit, et l'extase qu'il provoque chez les commentateurs Naggui-like, sont largement surfaites.

Mathieu_Chedid5

le "taratata" n'est pas ici par hasard !

Il y ensuite la dynastie des gastéropodes dépressifs. Leur fer de lance est sans aucun doute ce très cherdelermtrotris Vincent Delerm, qui n'est en vérité qu'un incapable (preuve sonore à l'appui). Dans une saignée plus ou moins similaire, Bénabar et sa chanson réaliste, sous-couvert de textes humoristiques (ha bon?) dévoile au monde entier ou presque sa voix monocorde, sa musique sans saveur.


Découvrez Vincent Delerm!
Doux Jésus...

Dans un tout autre style, les troubadours alter-mondialo-capitalistes de Tryo ou de La Rue Ketanou se taillent une part belle du gâteau, en exploitant le filon de la rébellion cannabi- quement pacifique. La démagogie de leur propos n'a sans doute d'égal que la médiocrité de leur simili-reggae Fm (ou la variante « l'accordéonisme caravanistique »). C 'est dommage, parce ruketanouqu'à l'étranger, certains se servent à peu de choses près de ces sonorités là  pour créer quelque chose de supportable. En France même, le groupe Java, adepte de l'accordéon sur leur premier opus, était parvenu à en faire quelque chose de tolérable !

On va garder un peu de dignité et vous épargner Jeanne Cherhal, la Grande Sophie ou encore Vanessa Paradis ; pour passer directement aux quelques motifs de satisfaction issus de cette nouvelle scène française. Malheureusement, il s'agit en fait souvent de demi-satisfactions. A la sortie de son premier opus, Ridan semblait frais et sympathique, mais là encore, une chanson à texte parsemée de fautes de conjugaison, ça fait un peu tache. Le concernant, l'espoir n'a donc été que de courte durée. Les Têtes Raides en revanche sont plus difficile à cerner. S'il ont sorti une bonne quinzaine d'albums, au cours desquels ils naviguaient entre chanson teteet rock, seuls quelques uns méritent un salutation. En 2005 sortait Fragile. On pouvait y retrouver « Je voudrais pas crever », long poème de Boris Vian, habilement mis en musique : une façon de conserver l'attrait de la chanson française pour les textes, tout en proposant en parallèle, une véritable proposition musicale.

Enfin Tété, auteur de trois albums (L'air de Rien ; A la Faveur de l'Automne, Le Sacre des Lemmings et autres contes de la Lisière) est un des rares artistes français à s'être lancé dans un paysage musical plus folk. A la manière des américains ou des anglais, il sait proposer une folk-pop mise en avant par le jeu de guitare, le son relativement dépouillé, et une recherche de la mélodie inédite et pas convenue. S'il s'était lamentablement vautré sur son second album, il a en revanche proposé quelque chose de fort original sur les deux autres.


Découvrez Tété!

Si les artistes français qui se lancent dans la chanson parvenaient plus souvent à s'approprier la musique folk et rock, sans avoir l'ego surdimensionné de penser qu'ils proposent une musique aussi originale qu'inégalable (ce qu'ils semblent être les seuls à penser), peut-être auraient ils plus de succès à l'étranger, et sans doute pourraient ils proposer des oeuvres plus originales et inventives. Ils ne semblent malheureusement pas très bien partis pour cela.

3 octobre 2008

L'antichronique moralisatrice, gratuite et pompeuse de Womanos

I) Le Rap en France : La Mascarade?

NTM_photo

Quoi de neuf depuis NTM?

Si la culture hip-hop est un mouvement artistique et social contestataire, est-ce que la musique rap doit l'être forcement? Mine de rien, la question se pose. D'aucuns diront que oui, ce qu'il y a d'intéressant dans le rap, ce sont les paroles, et qu'après tout la musique ne vient qu'en second plan, qu'elle ne vient même pas du tout pour quelques uns. Ce point de vue est à mon sens non seulement totalement dépassé, mais il abaisse en plus la musique rap au rang de style mineur : les rappeurs ne seraient après tout pas des musiciens à part entière, mais juste quelques néo-troubadours engagés politiquement et/ou socialement.


Découvrez Booba!

booba_autopsieEn fait, ce point de vue en arrange beaucoup. A commencer par cette génération merdeuse de rappeurs francophones. D'un côté nous avons Booba, de l'autre, Sinik ou Diam 's. D'un côté nous avons le provocateur au flow de chèvre exhibant bien plus sa dignité phallique que ses talents d'artiste. De l'autre, nous avons les chèvres engagées. Le pendant rap d'un Cali ; c'est dire ! Diam's par exemple, qui écrit le morceau « Marine », hymne aussi populiste que merdique d'un point de vue musical, et qui se veut subversif. La seule subversion ici, c'est d'oser sortir un titre aussi vide au niveau des idées qu'au niveau de la création artistique.

Si dans les années 80 et 90, les aïeux Kool Shen et JoeyStarr conduisaient la machine de guerre NTM avec une rage sociale non-feinte, la qualité de leur musique n'était pas à chercher exclusivement dans le sens de leurs textes. La qualité musicale du duo était autrement supérieure à celle des Soprano, Sniper et autres couilles molles qui représentent. Les rythmiques de NTM étaient certes simpliste, mais la production irréprochable favorisait la puissance sonore du groupe. Les prestations live énormes étaient au rendez-vous (Live au Zenith), et le flow de JoeyStarr n'a jusqu'à aujourd'hui pas été égalé, ni même concurrencé, dans ce rap francophone là.


Découvrez Suprême NTM!

diams

On l'aura bien compris, ce rap là n'a pas voulu évoluer. Se complaisant dans sa propre caricature, il est devenu aussi grotesque que mauvais. A écouter les spécialistes musicaux de France 2 & Co., le rap c'est bien, et Diam's en est une digne et remarquable représentante, d'autant plus qu'il s'agit d'une femme. Mon cul ouais, elle fait d'la merde en barres, avouez !


Découvrez Diam's!

A la vue de ce spectacle consternant, il faut donc chercher ailleurs l'intérêt du rap en France. La majorité des artistes dits « mainstream » ne se sont jamais posé la question, puisque le lobby d'une radio nationale très connue leur permet de vendre des dizaines de milliers d'exemplaires de leur infâme merde sonore, sans faire d'efforts.

 

 

skyrock

Sur la liste des artistes rap qui n'ont pas droit de cité sur la bien-nommée Skyrock, on retrouve plusieurs petites familles. Il y a bien sûr le rap dit « alternatif », au sein duquel bon nombre de groupes différents se côtoient, un peu en marge de la grande mascarade. Avec plus ou moins de bonheur, des gens comme Fuzati, TTC ou les Gourmets proposent une autre vision du rap. Les puristes du rap à l'ancienne les qualifieront de « faux rappeurs en bois », ce qui ne peut pas être le cas de Fayce le Virus. Ce dernier justement, est proche des Gourmets. CQFD.

fuzati

Il y a aussi le rap sans concession de La Rumeur, groupe parisien qui ne fait pas dans la fausse provocation, et qui se contente d'user de son droit d'expression, au risque d'être inquiété par la justice, et par le ministre de l'intérieur d'alors ; Nicolas Sarkozy. La Rumeur maintes fois relaxés par la justice, Sarkozy et sa bande ont fait appel à chaque fois afin de faire condamner la formation parisienne. Musicalement, le groupe développe un rap axé sur le sens comme sur le fond. Les MCs ne disposent pas tous d'un flow vraiment remarquable (ils ne sont pas connus psykickpour la rapidité de leur élocution), mais la verve de leurs flows et leurs lyrics associés à l'ouverture musicale enrichie qu'on retrouve sur les instrus (Serge Teyssot-Gay, de Noir Désir à la guitare sur "Je suis une Bande Ethnique A Moi Tout seul") variées du groupe.

Pour continuer dans un rap à la facture classique quoiqu'inventive, il y a, dans un autre genre, celui distillé par Psykick Lyrikah, duo formé par le MC Arm et le DJ TeddyBear. Pour le coup, la qualité d'écriture est au rendez-vous, et ferait baver d'envier Sinik ou Diam's, encore faudrait qu'il que ces derniers se rendent compte du talent d'écriture d'Arm (Il faut absolument écouter leur premier album "Des Lumières sous la Pluie" et pourquoi pas aussi les suivants tant qu'on y est, tous très bons !).

Aussi, on pourra citer La Caution, peut être l'un des plus dignes représentants de notre rap francophone foisonnant. Les deux frères ont le mérite d'allier à la fois des instrus inventives et variées, et un flow efficace et esthétique, tout en tentant dans le même temps de proposer des lyrics originales prenant aussi bien en compte la forme que le fond.


Découvrez La Caution!

Ne nous arrêtons pas à cela pour autant. Le rap français est bien plus développé et diversifié qu'il ne le laisse transparaitre de prime abord. Tout comme le rock est un style musical qui regroupe de nombreux genres, le rap englobe quant à lui de nombreuses variantes. Ainsi le rap que propose Booba est différent de celui d'un Sinik dans la réalisation (d'ou le célèbre "clash" entre les deux, bien que cela relève également d'une basse querelle d'égos surdimentionnés). La musique de NTM privilégie la puissance sonore tandis que celle du Klub des Loosers (Fuzati) s'évertue à tirer la corde de l'humour noir et de la chronique sociale décalée.

Enfin, il y a les ovnis, ceux qu'on ne saurait vraiment pas classer, qu'on hésite même à qualifier. NonStop par exemple, et son rap angoissant, electroïde et décalé, dont les lyrics, sous-couverts d'absurdités, regorgent de sens-cachés sociaux : tout ce que les rappeurs de cette nouvelle génération Skyrock n'ont pas eu le talent de faire

stupeflipStupeflip est à n'en pas douter le groupe le plus hybride de la scène rap française. A tel point que certains n'osent pas le qualifier ainsi. Selon le "Crou", Stupeflip est une formation qui mélange "rock, rap et ritournelles de variété". Leur univers de prime abord très léger et complètement fou renferme en fait quelques subtilités et questions qui reviennent à maintes reprises sur leurs deux albums studios ("Stupeflip", puis "Stup Religion") : le thème de l'enfance est par exemple omniprésent dans leur musique, bien que le groupe ne s'en défende. Un univers très riche et complexe en somme qui place Stupeflip à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de cette grande famille du rap en France.


Découvrez STUPEFLIP!

sscIl ne s'agit bien sûr pas d'opposer un rap mainstream à un rap underground et alternatif. Ce débat là également est dépassé. Mais force est de constater que les médias nationaux ne remplissent absolument pas leur rôle de diffuseurs de culture. Se contentant de proposer la plus basse fange de la musique rap française, il se montrent indéniablement complices d'un abaissement général du niveau montré sur les ondes et les antennes. Comment peut-on affirmer que le rap est une musique de grande qualité, comme toutes les autres, si les points de comparaisons se nomment Diam's, Psy4 de la Rime ou encore Rohff. Pour rester dans le mainstream, et pour ne pas forcement avoir l'air de dire que l'alternatif est forcement meilleur ; prenons un contre exemple. Le Saian Supa Crew par exemple, qui allie avec talent humour et sérieux, le tout accompagné d'instrus drôles ou sombres, selon le titre. Leur meilleur album est certainement le second, X Raisons, alors que le premier, KLR, manquait de maturité, et que le troisième, Hold Up, sombrait trop souvent dans la facilité. Depuis, certains membres ont quitté le navire. Si Vicelow (noir à lunettes) est resté, Leeroy (sans doute le membre du SSC au meilleur flow) ainsi que Specta qui apportait une touche glauque aux titres du Crew, sont quant à eux partis.

Leeroy justement, sur son premier album studio "Open Bar", nous propose une imitation caustique très convaincante du "Rap Booba"sur Allo Docteur. Une manière de dire que la tendance actuelle, à singer B20 pour plaire au public, est tout à fait ridicule.


Découvrez Leeroy!

A  travers tous ces exemples, on a bien vu que le rap en France ne va pas toujours dans la même direction. Au contraire, il est constitué de multiples courants, lesquels sont pour la plupart largement sous-représentés, tandis que d'autres monopolisent la couverture médiatique sur eux. C'est pour cette raison sans doute que certaines personnes se permettent de critiquer le rap alors qu'ils n'ont malheureusement pas toutes les cartes en main pour pouvoir se faire une idée un minimum objectif.

Ceux qui considèrent alors que le rap n'est une musique monocorde et dotée d'une unique facette bridentLeeroy_17_F_vrier_2007__6_ considérablement son potentiel de grande musique, alors que les artistes les plus créatifs au sein de ce style musical sont sans arrêt laissés dans l'ombre au profit des arnaqueurs de premier rang. Alliant à la fois la musicalité instrumentale et celle du flow, cette musique est qualifiée par ses détracteurs de  brouhaha non-mélodique. Ceux-là confondent donc la musicalité et la mélodie, et trouveront par conséquent que ce que font des gens comme Michel Sardou est autrement plus légitime que le rap lorsqu'il s'agit de qualifier une création dla_caution_420x420e musique ou non. Ca peut paraître absurde, mais pour certains, le rap n'est qu'une succession de mots incompréhensibles, déblatérés sans technique ni recherche. Ne les blâmons pas pour autant, et essayons de les convertir à l'amour de la musique, quelle qu'elle soit, d'autant plus que le rap français est sans doute l'un des plus créatifs en ce moment ! Les groupes qui ont été cités ici, qu'il s'agisse de La Rumeur, le Saian Supa Crew, La Caution, Psykick Lyrikah, ou même le Klub des LoosersTTC et Les Gourmets, en passant par Stupeflip et NonStop ont évidemment leur place sur la scène rap. Ils bénéficient tous d'un public plus ou moins conséquent, mais leur musique reste tout de même plus confidentielle que les rappeurs sponsorisés par Skyrock, MTV, etc.

Comme je le disais précédemment, il serait temps que les médias les plus exposés, et pas seulement les plus petits, commencent à être concernés par la culture. Cela vaut pour le rap c'est vrai, mais pas exclusivement. Il s'agit d'un exemple parmis d'autres, qui montre que les télévisions et radios nationales, ne font pas le maximum pou reveler au public ces artistes qui le méritent. Preuve en est, les Victoires de la Musique, on seuls quelques groupes propres sur eux ont le droit de prétendre à un prix. En 2005, La Caution sortait son excellent second album "Peine de Maures/Arc-en-Ciel pour Daltoniens". Dans la catégorie fourre-tout "Rap, Hip-hop, R'n'B", étaient nommés TTC certes, mais aussi Passi, Rohff, et Nadiya, cette dernière ayant remporté la recompense. Les Victoires de la Musique qui sont qualifiées de grane fête de la musique française, devraient logiquement récompenser le meilleur travail artistique. Au lieu de ça, la cérémonie fonctionne comme les autres cérémonies de recompense musicale cathodiques : On récompense celui qui vend le plus d'album ; ce qui revient à dire à demi-mot que ceux qui vendent le plus sont les meilleurs. 


Découvrez Nonstop!

 

 

PS : je ne vous ai pas fais l'affront d'évoquer Sefyu ou Manau.
Le style change entre les deux, pas le niveau.

3 octobre 2008

Beirut - The Flying Club Cup

TRACKLIST

1. A Call To Arms
2. Nantes
3. A Sunday Smile
4. Guyamas Sonora
5. Le Banlieu
6. Cliquot
7. The Penalty
8. Forks and Knives (La Fete)
9. In The Mausoleum
10. Un Dernier Verre (Pour la Route)
11. Cherbourg
12. St. Apollonia
13. The Flying Club Cup

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Découvrez Beirut!

Beirut avait surpris la petite planète musicale en 2006, avec son premier opus Gulag Orkestar. Un an plus tard à peine (en 2007 donc, vous avez bien suivi les cours de math à l'école !), le groupe, ou plutôt le jeune Zach Condon, revient avec son second album studio « The Flying Club Cup ». Les thématiques du voyage et de la mélancolie n'ont pas quitté l'esprit du jeune américain. Mais depuis le « Gulag Orkestar », Owen Pallett, membre d'Arcade Fire, est passé par là; et a transmis son savoir à Zach Condon pour que ce dernier sublime un peu plus encore sa musique.

Si les senteurs de l'est européen se font toujours sentir sur « The Flying Club Cup », la musique française, et notamment ses accordéons habituellement ringards à souhait, enrichissent cette seconde livraison qui s'inscrit dans le sillon de la première, sans pour autant la mimer.  Les titres en français dans le texte (« Nantes », « Cherbourg », « Un dernier Verre (Pour la Route ») sont autant de références légères à l'hexagone, au sein d'un album qui reste estampillé du sceau des Balkans et des fanfares de là-bas.

Entre spleen et fête (« Forks and Knives (La Fête) »), Beirut délivre une musique profondément géographique. Si selon l'expression populaire elle n'a pas de frontière, la musique a en revanche une affiliation à un lieu, et dans le cas de Zach Condon, cette musique se dirige naturellement vers le sud-est européen, lieu de brassage s'il en est. Les cuivres et les rythmiques extrêmement orientales de « In the Mausoleum »  contrastent avec la relative discrétion du titre suivant (« Un dernier verre pour la route »), tandis que la voix du jeune homme originaire de Santa Fé, toujours aussi unique, toujours aussi mature, offre à toutes ces compositions originales, une classe indécente, presque injuste : Il est clair qu'à 23 ans à peine, chanter de la sorte, et être si habité dans son chant, si charismatique, doit irriter plus d'un jaloux chanteur médiocre !

Mais là ou là musique de Beirut se fait la plus belle, c'est lors de ces nombreuses envolées lyrico-balkaniques qui frappent l'album en plusieurs points. Comment ne pas être subjugué par l'intensité de « Guyamas Sonora », le chant habité de « Cherbourg » ou au contraire par la sobriété de « Penalty », soutenu par un fluet ukulélé?

Je suis de ceux qui pensent que l'inventivité est quelque chose d'important dans la musique, et que si elle stagne, son essence se dilue dans l'habitude. Avec Beirut, et bien que cet album soit le prolongement du précédent, on reste à mille lieux d'une musique stagnante. Il faudrait à coup sûr dix albums de la même trempe pour pouvoir espérer commencer à s'en lasser ! En résumé, une musique aussi belle que mélancolique, un chant rare et profondément habité, une inventivité remarquable. Et de tout ça se dégage une émotion ni fausse, ni feinte. A moins d'avoir un esprit cloisonné, d'être un rocker bourrin, ou de n'être touché que par les chants mielleux et surjoués de quelques chanteurs adeptes du théâtre plus que de la musique, on ne peut pas passer à côté de la musique de Beirut. Ce serait un crime, c'est certain !

Par Womanos

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