James Delleck - Le Cri du Papillon

(J'étais tranquillement installé dans ma chambre, à regarder la finale de Roland Garros, quand soudain, un éclair de lucidité me traversa l'esprit, et me fit comprendre que cette situation n'était pas acceptable.

Ni une ni deux, je décide de m'installer devant mon écran pour rédiger une chronique afin d'alimenter ce formidable MangeDisque ! Mon enfant, si tu te dis que je raconte les points les plus ennuyants de ma pauvre existence, tu as tout à fait raison, et c'est pour cette raison même, que je vais laisser place à une écriture moins nombriliste et plus intéressante, je l'espère en tout cas, pour le jeune lecteur que tu es.)

TRACKLIST
Chrysalide
Chaman
Le Profil Psychologique
Le Réverbère
Gérard de Roubaix
L'Amour
L'Etranger
15 Ans
La Carotte Sauvage
Le Titty Twister
Sonate pour une gouttelette
Personne
Ainsi soit-il
J'ai appris

Découvrez James Delleck!

La chronique en question, c'est celle de l'album solo du producteur et rappeur français James Delleck». Celui-là même qui participait aux projets de l'Atelier, ou de Gravité Zéro. En l'an de grâce 2007, sort dans les bacs son premier véritable album, « Le Cri du Papillon ». Alors qu'il est profondément ancré dans ce courant du rap alternatif français, au coté du Klub des Loosers ou de TTC par exemple, James Delleck propose ici une production originale, parfois légère, souvent plus grave.

Marquée dans un premier temps par des titres instrumentaux de qualité supérieure (« Chrysalide », « La Carotte Sauvage ») et parfaitement entêtants, l'album dispose d'un petit lot de titres enthousiasmants. « Gérard de Roubaix », par exemple, qui conte le destin d'un pitoyable beauf s'imaginant déjà millionnaire, est un morceau amusant aux punchlines efficaces et ironiques à la fois. Tout aussi sympathique, « le profil psychologique » est un morceau electro-groovy dans lequel Delleck énumère ses petits plaisirs quotidiens « J'aime les bains chauds, le pain chaud, jouer avec mon chien, la peinture à la chaux, la clim' et les beaux seins ».

Si les morceaux précédemment cités peuvent faire penser à un album aussi barré que léger, il convient de nuancer clairement ce propos. Avec plus ou moins de réussite, James Delleck nous embarque sans difficulté dans son univers rythmé par la mélancolie et la colère . Ainsi, avec « Le Réverbère », le rappeur vitriot (94) propose peut-être le titre le plus dense et prenant de cet album, grâce à une production mi-acoustique mi-numérique, et à des lyrics enrichis de métaphores et autres figures de style. Si l'ont rajoute à cela la colère maîtrisée et investie du flow de Delleck, ce morceau est indéniablement une grande réussite dans ce registre. En revanche, et aussi sincère puisse-t-il être, le morceau « 15 ans », journal de bord d'un adolescent suicidaire, bénéficie d'une moins bonne écriture, bien que le flow, si l'on fait abstraction du reste, est toujours aussi efficace. Enfin, le dernier morceau « J'ai appris » évoque le passage à l'age adulte et le désolement face à un tel constat. Très beau morceau, ou l'écriture, évoquant le mercredi, les étoiles ou un placard magique fait  office de madeleine de proust au goût âpre et pénible. Très electro, et plus proche de ses acolytes de l'Atelier ou du Klub des Sept, « Ainsi soit-il » tranche avec le reste de l'album, tant sur le plan de la production, que sur celui des thèmes abordés.

En quelques mots, cet album de James Delleck reste une grande réussite. Si l'opus est dans son ambiance générale, plutôt sombre et amer, certains morceaux viennent tempérer le tout, pour donner au final, un disque à la fois diversifié et relativement homogène. L'écriture de Delleck, son flow reconnaissable parmi cent, et la production quasi-sans faute, sont autant d'arguments permettant de le classer parmi les meilleurs albums de 2007 dans son genre.

Par Womanos

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