Grenthink – It's Not Easy Being Green
La chronique de Greenthink, est aisément réalisable. Il suffit de parler de label Anticon (une fois n'est pas coutume), et plus particulièrement de Yoni Wolf aka Why? Ainsi que Doseone, et d'ajouter à cela, le qualificatif Lo-fi.
Parce que Greenthink est un projet très précoce. L'album « It's not Easy Being Green » sort, et sans label pour le soutenir (pas très étonnant en même temps), en 1999, c'est à dire à l'aube de l'ère Anticon si vous voyez ce que je veux dire. Why? Et Dose One font figure ici d'aventuriers qui s'engouffrent dans une épaisse foret musicale jusqu'alors inconnue.
Autant vous le dire, trouver des infos
sur Greenthink relève du parcours du combattant. On retrouve
néanmoins une interview de Yoni Wolf sur UrbanSmarts dans lequel il explique que
Greenthink n'est, selon lui, autre que l'antichambre de Clouddead.
Par conséquent, si l'on prend cet album comme un préambule
à l'aventure Clouddead, on peut y voir quelques signes
annonciateurs.
Bien évidemment, le son, expérimental
à souhait rappelle celui de Clouddead. Mais cet album de
Greenthink est tout de même unique. Comme je le disais en
introduction, il « bénéficie »
d'une production fortement Lo-Fi (et gageons que, contrairement à
bon nombre de groupes qui usent du Lo-Fi volontairement, les gars qui
ont réalisé « It's Not Easy Being Green »
en direct d'un appart' à Cincinnati, n'avaient pas trop le
choix de toute façon).
L'agencement des morceaux est fort étrange. Une vingtaine de titres, dont beaucoup font moins de deux minutes, semblent empilés les uns après les autres, et la question de l'ordre des titres n'a pas du torturer l'esprit des deux compères. Et, même si beaucoup de morceaux sont très courts, d'autres, plus longs, rappellent plus clairement l'ambiance propre à Clouddead. Ainsi, « It is not unreal » va dans ce sens. Un titre de plus de sept minutes qui voit défiler plusieurs ambiances différentes, et ou le chant et le flow des deux membres du groupe est déjà ressemblant à ce qu'il feront plus tard. Sur « Brushstrokes in Paris », on retrouve le chant d'un Why? dissonant et accompagné de percussions grésillantes à souhait, avant que Dose One ne le rejoigne pour un rap improbable dans sa tentative d'être efficace.
En fait, l'auditeur assiste aux expérimentations et aux délires de ces deux jeunes gens forts dérangés. Ici, on écoute parfois un grand n'importe quoi qui peut faire sourire, et parfois, ce qui semble être la naissance du projet Clouddead. Dans tous les cas, il s'agit d'un album amusant à souhait, bien que cela ne soit pas une blague pour autant : En dépit de son son lo-fi, de son fouillis généralisé, « It's not Easy Being Green » reste un album fourmillant de vrais bonnes idées, de sons intéressants souvent.
Enfin, l'intérêt musical d'un tel album est tout autant grand qu'inexistant. Si les amateurs du label Anticon doivent sans doute l'écouter pour se rendre compte de l'évolution musicale au sein de celui-ci, les autres n'y trouveront pas beaucoup de satisfactions. Quoiqu'il en soit, il serait une erreur de chroniquer cet objet comme un album, alors qu'il reste encore aujourd'hui, et jusqu'à preuve du contraire, un phénomène hautement paranormal.
Par Womanos