Fayce Le Virus – Pensée Chaotique

Découvert aux cotés des Gourmets, Fayce le Virus est un rappeur français pas très connu, et un peu virulent. Son premier album (je crois), « Pensées Chaotiques », sorti cette année, est disponible en téléchargement aussi légal que gratuit sur son myspace. Le lyonnais propose pour sa première livraison, un cocktail aussi explosif que citrique de quinze titres.

Son flow efficace et puissant tranche radicalement avec bon nombre de rappeurs de l'hexagone, et les titres des quinze morceaux sont parfois grossiers, mais plutôt drôles (Que le Diable t'encule », « Nik la Franse » et surtout l'hilarant « En Chien Comme Milou »).

Musicalement, on peut dire que Fayce le Virus, sans totalement laisser de côté la production des instrus, met en avant son principal atout : sa voix et ses textes. Sur le morceau titre « Pensée Chaotique », une ambiance lourde et sombre sert parfaitement l'interprétation de Fayce.

Grosse surprise pour le morceau suivant, « Les Coups et les Douleurs », avec la participation de James Delleck ! Titre à l'instru simple mais pas moins entraînante, ou le rythme binaire et les légères nappes aiguës  contrastent avec les deux flows complémentaires quoique forts différents. Un refrain relativement mélodieux, et des couplets parfaitement réalisés par Delleck et Fayce donnent à ce morceau une saveur particulière. Changement d'ambiance pour « Croix Rousse, Tu Ramones » : A l'opposé du reste de cet opus, Fayce le Virus nous propose étrangement ici une instru très funky, et à laquelle, il faut bien l'avouer, on ne s'attendait pas du tout ! Il récidive sur « Je me suis Perdu », autre instru jazzy/funky peu ou prou sombre, parsemée de quelques punchlines remarquables (« J'suis qu'un loser qui s'y complaît et écoute fuzati »). 

Fayce le Virus est en outre un provocateur, qualificatif qu'il semble assumer pleinement. Ainsi, sur « Nik la France », le rappeur lyonnais reprend à son compte la célèbre diatribe à l'encontre de la  France, et largement issue du rap. Enfin, sur « Réac », Le Virus y dénonce une gauche bourgeoise et « bobo », qui suit une pensée commune sans réflexion personnelle. Le refrain rappelant la musique de l'est, fort apprécié selon Fayce par ses cibles, ajoute un petit plus encore à ce morceau. Aussi, plutôt que de citer une punchline alors que beaucoup sont remarquables, je vous propose de très vite vous faire une idée de ce titre ici.

Cet album se conclue sur « Si tout était Lisse », sur lequel Fayce le Virus, qui a retrouvé pour l'occasion son flow et ses lyrics rageurs, explique le pourquoi de ses créations souvent sombres et énervées (« j'aurais pas fait cet album sans mes doutes et mes vices »).  Finalement, beaucoup de dérision et de second degré sur cet album, masqués par des sonorités souvent sombres et sérieuses. Passant de l'humour au discours plus sérieux, Fayce le Virus qui nous propose un bon album de rap, nous brouille un peu dans ses contradictions. Une agréable surprise tout de même, et un album gracieusement offert par son auteur, ce qui mérite à n'en pas douter une chronique sur le mangedisque.

Par Womanos.