Radiohead - Amnesiac

TRACKLIST
Packt Like Sardines In A Crushd Tin Box
Pyramid Song
Pulk/Pull Revolving Doors
You And Whose Army?
I Might Be Wrong
Knives Out
Morning Bell/Amnesiac
Dollars & Cents
Hunting Bears
Like Spinning Plates
Life In A Glass House

Découvrez Radiohead!

Oui je sais bien, chroniquer un album de Radiohead est quelque chose de fort délicat, et -entendons-nous bien- de très casse-gueule. Parce que Radiohead est justement un groupe qui cristallise des millions de fans autour de lui, et que la moindre interprétation d'un album peut provoquer controverse.

Sorti en 2001, entre « Kid A » et « Hail to The Thief », « Amnesiac » reste, selon moi, le meilleur album du groupe. Pourquoi?

Parce que « Amnesiac » métamorphose un grand groupe de rock un véritables chercheurs d'or. Si l'album précédent était l'occasion de rentrer d'un pied dans l'electro et la créativité venue de nul part, les guitares électriques y étaient tout de même très présentes, justifiant pour Radiohead, le terme de rockband. Faisant fi des déclarations publiques à la sortie de Kid A, aucours desquelles le groupe promettait un retour à un son plus rock, « Amnesiac » porte son titre à la perfection. Comme un pied de nez à la presse et aux auditeurs, Radiohead a souvent eu la bonne habitude de prendre tout le monde à contre-pied, alors même que l'album avait été enregistré en même temps que Kid A.

Amnesiac est un album froid, taillé dans un ordinateur malade, et fatigué. Les ombres des glaciers du nord dansent sur les onze pièces originales de cet opus. Capables de déconstruire un morceau pop, de le passer au filtre des robots, et de le jouer et le chanter, comme souvent, à la perfection, le groupe originaire d'Oxford ne fait jamais rien comme on peut l'attendre. Si l'album est baigné dans un son electro, et que les expérimentations traversent de part en part le travail du quintet britannique, les morceaux de pop, de ceux qu'on cite sans problème comme des références, sont toujours présents. Radiohead et sa logique implacable, sons sens de la mélodie, de l'idée qui va transformer un morceau sympa en oeuvre d'art, de l'expérimentation utile et réussie. Le groupe parvient parfois à canaliser tous les traits de ce portrait dithyrambique (mais pas toujours exact) pour créer des chansons intemporelles et géniales.

Si « Knives Out » ou bien encore « Pyramide Song » marquent par leur évidence pop, leurs mélodies soignées ; ces titres ne sont pas pour autant les plus essentiels de cet album. Certains penseront que « Pyramide Song » est un chef-d'oeuvre, comme « Everything in its Right Place » en était un sur « Kid A ». Je ne peux décemment pas contredire cette affirmation qui relève du bon sens. Mais mon discours est tout autre,et la question est la suivante : Quels sont les titres les plus essentiels de cette album? Quels sont ceux qui poussent l'imaginaire du groupe le plus loin, et qui tentent d'approcher, sans se mentir, l'essence de la création? Il me semble que deux ou trois titres peuvent prétendre à un rang de réponse. Cependant la folie d'un en particulier semble plus apte que tous les autres à y répondre. « Life in a Glasshouse ». Le titre est lâché, sans hésitation possible. Un morceau à l'évolution lente et dramatique, marqué par de froides ombres toutes droits sorties d'une section de cuivre aussi improbable qu'imparable. Ce morceau n'est pas une furie rock, ce n'est pas le titre efficace d'un groupe sûr de lui. C'est au contraire un morceau un peu mal en point, un bonhomme un peu chétif,  pas très beau, la paupière tombante. Ce morceau c'est un peu Thom Yorke finalement. La froideur et la distance apparente, la protection, que les cuivres, qui tentent de toucher au jazz, n'arrivent pas totalement à semer. Une sorte de distortion entre deux points opposés qui déchirent le morceau pour lui offrir une incroyable puissance. Un crescendo à bout de souffe, tout comme la voix de Yorke, pour conclure un grand album en explosion sonore : On détruit tout.

Par Womanos.